« La jalousie chez l’enfant : du développemental au pathologique »
La jalousie trouve sa racine très précocement dans l’enfance. Précisément dans les premières angoisses de perte et d’abandon du premier objet d’amour, la mère en l’occurrence. La jalousie est liée à l’amour mais aussi articulée à la possession. Partager l’affection est impensable pour l’enfant entre 3 et 4 ans. Cet affect est tributaire de sécurité et de considération que l’on reçoit de ses parents et de son environnement pour se sentir accepté ou égal. La jalousie reflète l’image qu’on a du soi aux yeux des autres. Elle est fondatrice du rapport social.
Il s’agit bien d’un vécu douloureux comparable au deuil et éveillé par la perte, réelle comme supposée, de l’objet aimé au profit d’un rival. Et les exemples abondent dans ce sens : c’est au moment de la naissance d’un petit frère ou d’une petite sœur que l’ainé exprime son hostilité en disant « je vais le mettre à la poubelle », ou un enfant qui n’arrive pas à trouver sa place auprès d’un groupe de pairs dans une compétition et chez qui une insomnie soudaine s’installe ou encore en rivalité féroce, l’enfant qui réclame de souffler la bougie d’anniversaire à la place de son frère sinon il s’empare du gâteau…
La jalousie chez l’enfant est fondamentale pour grandir et gagner en indépendance si elle est suffisamment étayée par la confiance en soi. L’enfant renonce à sa toute-puissance pour retrouver une place dans le groupe social.
Par contre, si ce vécu ne rencontre pas les réponses adéquates de la part de l’entourage, il crée une faille dévorante du narcissisme et de l’estime de soi. L’enfant jusqu’alors persuadé d’être l’objet d’amour exclusif de ses parents, se trouve ainsi confronté à la désillusion d’être remplacé au mieux par un rival (parent, fratrie ou camarade). Une certaine insécurité affective précoce et intense s’installe alors et qui ne sera sans conséquences en entrainant parfois des réponses destructrices : agressivité, colère, haine…C’est à ce moment que la jalousie devient pathologique et parasite profondément le relationnel de l’enfant (intra et extra familial) et son parcours scolaire et développemental. Ces difficultés risquent par la suite de se rejouer durant toute la vie !