Apparue au début du 20e siècle, l’Art-Thérapie utilise l’Art à des fins psychothérapeutiques. Elle aide les patients souffrant de pathologies mentales ou de difficultés psychiques à se reconstruire par la pratique de différentes activités à visée thérapeutique, notamment le dessin et l’écriture& le théâtre.
Art-thérapeute, psychothérapeute et Artiste-Plasticienne à l’unité d’Art-Thérapie du Centre Universitaire Psychiatrique Ibn Rochd – Casablanca. Au Maroc, l’Art-Thérapie est une discipline récente. La première unité dédiée à cette thérapie à été inaugurée en 2010 au Centre UniversitairePsychiatrique Ibn Rochd de Casablanca et accueille des personnes atteintes de différents types de pathologies mentales. Basée sur une approche psychothérapeutique, l’Art-Thérapie pratiquée au sein de cette unité s’intègre à une prise en charge globale du patient. L’Art-Thérapeute responsable de cette unité travaille, en effet, en étroite collaboration avec le médecin-traitant. Il lui remet des compte-rendus et des observations sur l’état du patient qui sont d’une grande utilité dans le diagnostic, le suivi et la prise de décisions thérapeutiques. Il s’agit donc d’une véritable démarche thérapeutique avec des fondements scientifiques et nécessitant une formation spécifique.
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L’art-thérapie proposée au sein du Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd de Casablanca est basée sur la pratique de plusieurs activités thérapeutiques qui permettent au patient d’exprimer sa vie intérieure faisant appel à son inconscient. En réalisant les exercices demandés par le thérapeute, le patient évoque des expériences passées, des rêves, des angoisses ou des aspirations. Les exercices deviennent ainsi, pour lui, un moyen de découverte de soi, de reconstruction psychique et de développement de nouveaux comportements qui favorisent la guérison. Le champ d’intervention de l’art-thérapie est très large en psychiatrie. Elle peut être envisagée aussi bien chez les patients souffrant de pathologies lourdes que chez les personnes éprouvants un mal-être, une anxiété, ou victimes de traumatismes. Elle est aussi indiquée chez les personnes dépressives, exprimants des idées suicidaires ou souffrants de problèmes de dépendance. Les centres de soins psychiatriques qui ont intégré cette thérapie ont rapporté une amélioration significative de l’état des patients qui y ont prit part.
Le bénéfice thérapeutique a été confirmé par des études scientifiques, quoique peu nombreuses. L’une des plus récentes (1) s’est intéressée à l’intérêt de l’Art-Thérapie chez les personnes souffrant d’un trouble anxieux généralisé. Ses instigateurs ont analysé le taux de cortisol, un biomarqueur utilisé pour évaluer le niveau de stress dans l’organisme, avant et après une séance d’Art-Thérapie. Ils ont observé que le taux de cortisol a baissé chez 75 % des patients après une séance d’art-thérapie d’une durée de 45 minutes. Les études ont également révélé que l’ Art-Thérapie peut être bénéfique dans la prise en charge des troubles liés à un stress post-traumatique. Un article scientifique (2) qui comprend plusieurs études cliniques et études de cas a conclu que l’art-thérapie aide à une meilleure gestion des symptômes physiques, émotifs, comportementaux ou cognitifs du stress post-traumatique car elle permet d’agir sur les souvenirs traumatiques, le processus de symbolisation-intégration et de transfert et contre-transfert psychiques. Les scientifiques se sont également intéressés au bénéfice de l’art-thérapie chez les personnes atteintes de pathologies mentales sévères, notamment la schizophrénie. Si les études scientifiques dédiées n’ont pas permis d’établir l’impact positif de cette thérapie chez les patients schizophrènes en raison notamment de la qualité insuffisante des protocoles suivis, il n’en demeure pas moins que la pratique clinique a montré que certaines formes d’art pratiquées (théâtre & jeux drôles) par les patients schizophrènes dans le cadre d’ateliers d’art-thérapie contribuent à améliorer significativement leur estime de soi et les aide à entamer un travail de reconstruction psychique très bénéfique. Toutefois, cette thérapie doit impérativement être envisagée en complément d’un traitement pharmacologique pour produire l’effet escompté.
Il existe plusieurs types d’exercices qui peuvent être pratiqués dans le cadre d’un atelier d’art-thérapie, notamment le théâtre, la photographie et le chant. Le dessin et l’écriture comptent parmi les plus utilisés par les thérapeutes. Une séance d’Art-Thérapie se déroule généralement en groupe dans un cadre convivial et relaxant pour mettre à l’aise les patients et favoriser l’échange et le partage. Le thérapeute se doit d’être bienveillant et se garder de tout jugement de valeur pour gagner la confiance des patients et les encourager à adhérer aux exercices réalisés dans le cadre de la thérapie. Au fil de l’exercice, guidés par le thérapeute, les patients commencent à exprimer librement leurs sentiments profonds, leur inconscient, leurs angoisses et leurs rêves. Les exercices sont aussi un excellent moyen pour mesurer leur degré de concentration et leur capacité à interagir avec leur environnement. A travers l’analyse des dispositions des formes, de la structuration de l’espace et du choix des couleurs dans un dessin, le thérapeute parvient à repérer les incohérences, voire les délires qui se dégagent de l’œuvre du patient. Chaque séance se termine par un entretien individuel durant lequel le patient est invité à parler de ce qu’il a voulu exprimer à travers le dessin et, par delà, de sa vie, ses aspirations et des problèmes liés à sa maladie. La séance devient alors pour lui un moyen de reconstruction psychique et d’inspiration pour réaliser un changement dans sa perception de lui-même, de sa maladie et de son entourage. Le rôle du thérapeute est de l’accompagner dans cette démarche et de l’aider à opérer le changement souhaité. La durée de la thérapie peut varier selon le profil des patients. Généralement, les signes de changement commencent à apparaître dès les premières séances. La plupart des patients ressentent une paix d’esprit et ont une meilleure estime de soi ce qui favorise leur adhérence au traitement pharmacologique et améliore leur prise en charge.
Créée en 2010 à l’initiative de Mme Boushra BENYEZZA & de Pr Driss MOUSSAOUI, l’Unité d’Art-Thérapie du Centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd de Casablanca est gérée au quotidien par Mme Bouchra Benyezza, Art-Thérapeute, psychothérapeute et artiste-plasticienne. Cette structure de soins unique en son genre au Maroc accueille dans un cadre agréable et convivial des personnes atteintes de pathologies mentales et leur propose différentes activités à visée thérapeutique. Ils sont ainsi invités à produire des dessins, à écrire ou à monter des pièces de théâtres dans un but purement thérapeutique. Mme Benyezza a par ailleurs tourné des films documentaires sur les patients qui ont été primés dans plusieurs festivals à l’étranger. Malgré le manque de moyens, cette art-thérapeute a su accompagner admirablement bien les patients depuis l’inauguration de l’unité. Son engagement en faveur des patients et son dévouement ont touché bon nombre de bienfaiteurs qui ont doté l’unité d’équipements dédiés à leur bien-être et à la pratique des différentes activités thérapeutiques proposées dans le cadre des ateliers. Empathie et sensibilité L’efficacité de l’art-thérapie dépend grandement de la personnalité du thérapeute. Grâce à son empathie et à sa sensibilité artistique, ce dernier parvient, au fil des séances, à rendre aux patients, souvent stigmatisés et rejetés à cause de leur maladie, leur humanité et foi en leurs capacités personnelles… L’estime de soi. L’art-thérapie a d’ailleurs été rebaptisée « Humano-Thérapie » dans certains pays comme la Corée du Sud. Outre les qualités personnelles, le thérapeute doit aussi jouir d’une formation spécifique qui lui permet de maîtriser les différents outils de cette thérapie et sa composante psychanalytique. Malgré son intérêt thérapeutique avéré en psychiatrie, l’art-thérapie ne bénéficie pas encore de la place qu’elle mérite dans certains pays, dont le Maroc. Son intégration aux services de soins psychiatriques devrait contribuer à améliorer significativement la prise en charge des patients. Cela passe d’abord par la promotion de ses bénéfices thérapeutiques auprès des psychiatres pour qu’ils l’intègrent dans le processus thérapeutique. Références 1- Kaimal G, et al. Reduction of Cortisol Levels and Participants’ ResponsesFollowing Art Making. Arttherapy. 23 mai 2016 2- Visual art therapy’s unique contribution in the treatment of post-traumatic stress disorders. J Trauma Dissociation. 2005 ; 6 (4) : 5-38
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