Délires et cultures – Dr. Adnane Benazzouze

La relation entre le délire et la culture est un sujet complexe et multidimensionnel. Les délires font référence à des croyances ou à des perceptions erronées qui sont maintenues fermement malgré des preuves rationnelles du contraire. Ils sont souvent associés à des troubles psychotiques tels que la schizophrénie, mais peuvent également se produire dans d’autres conditions médicales ou psychiatriques.  La culture joue un rôle important dans la façon dont les délires sont exprimés, interprétés et compris.  1. Contenu du délire : Le contenu des délires peut être influencé par la culture et l’environnement social d’une personne. Les délires peuvent refléter des préoccupations culturellement spécifiques, des croyances religieuses ou des thèmes sociaux importants dans une société donnée. Par exemple, dans notre cultures, les délires peuvent être teintés de croyances religieuses ou spirituelles, tandis que dans d’autres cultures, ils peuvent être influencés par des thèmes politiques ou sociaux. 2. Interprétation culturelle : La façon dont les délires sont perçus et interprétés peut varier selon la culture. Dans notre cultures, les délires peuvent être considérés comme des expériences spirituelles, des visions mystiques ou des signes de possession démoniaque, tandis que dans d’autres cultures, ils peuvent être vus comme des symptômes d’une maladie mentale nécessitant un traitement médical. 3. Stigmatisation et réponses sociales : Les attitudes culturelles envers les troubles mentaux et les délires peuvent varier considérablement d’une culture à l’autre. Certaines cultures peuvent stigmatiser les personnes présentant des symptômes psychotiques, tandis que d’autres peuvent avoir des croyances culturelles ou des pratiques de guérison spécifiques qui influencent la manière dont elles abordent les délires. 4. Prise en charge clinique : Les professionnels de la santé mentale doivent prendre en compte la dimension culturelle lors de l’évaluation et du traitement des personnes présentant des délires. L’appréciation de la signification culturelle des symptômes peut aider les cliniciens à établir une relation de confiance avec les patients et à élaborer des plans de traitement adaptés à leur contexte culturel. Il est important de noter que la culture ne détermine pas à elle seule la présence ou la nature des délires. Les délires sont des phénomènes complexes qui résultent de l’interaction de plusieurs facteurs, notamment biologiques, psychologiques, sociaux et culturels. Une approche holistique et individualisée est nécessaire pour comprendre et traiter les délires dans le contexte culturel spécifique d’une personne. Dr. Adnane BenazzouzPsychiatre

Cultures et délires – Jean michel poirier

Les cultures peuvent favoriser ou accroître les délires des personnes, notamment dans la pers-pective d’une relation ou d’un contact avec ce qui est absolu, transcendantal à l’expérience commune. Elles peuvent aussi réguler ces délires et offrir des voies de guérison ou des moyens de vivre avec les failles internes en les disposantautrement. Nous voudrions nous interroger sur ces phénomènes et ces processus dans la tradition judéo-chrétienne, particulièrement dans le champ du religieux. Jean-Michel PoirierThéologien.Directeur de la Recherche à l’ICT.ICT : institut catholique de Toulouse

Rôle du groupe dans la dépression « masquée » – Abdeslam Benali

Rôle du groupe dans la dépression « masquée » Si les maladies dépressives sont présentes dans toutes les sociétés, leur expression symptomatique varie culturellement, en particulier en termes d’idées délirantes. Le facteur culturel joue donc un rôle dans l’expression et la prise en charge de la dépression. A l’origine de la dépression, la perte d’objet au lieu d’entraîner une introjection, fait appel à la projection ; un mécanisme prévalent dans le groupe. Elle est dans les vignettes cliniques évoquées à l’origine d’hallucinations et/ou de délire de persécution vécus par le patient comme une punition infligée par la communauté, rejoignant ainsi une logique dépressive. Dans notre société, les liens communautaires demeurent puissants. En outre, le patient et son entourage disposent de croyances culturelles renvoyant à un corpus de références variées et diverses, particulièrement religieuses et magiques, expliquant des maladies, notamment mentales, ce qui lui permet d’éviter une rupture radicale de ses rapports au monde en se référant à une théorie étiologique partagée et validée par le groupe. L’analyse du contexte culturel permet de saisir d’un côté la signification « masquée » de la dépression et d’un autre la dimension dépressive de tels symptômes psychotiques. Aussi, l’attitude thérapeutique devrait-elle tenir compte de la signification de la pathologie présentée et de sa dimension culturelle. Pr Abdeslam BENALI Psychiatre des hôpitaux des armées Professeur de psychiatrie – Faculté de Médecine et de Pharmacie de Marrakech Président de l’Amicale des Psychiatres de  Marrakech (APM) Vice-président de la SMPPA

Le corps et son expression dans les troubles de l’identité et le délire – Thierry Delcourt

Le corps et son expression dans les troubles de l’identité et le délire   Approche psychosociale, culturelle et spirituelle des états- limitesLe corps en mouvement entre appel poignant et torsion troublante manque des mots pour dire la souffrance existentielle. Les symptômes passent par le corps quand la parole et la voix sont interdites. Celles-ci font parfois retour dans la voix hallucinée et se cristallisent dans le délire. Il ne s’agit pas forcément d’une psychose mais d’états-limites qui interrogent la porosité entre les concepts de psychose et de névrose. Sans voler en éclats, ces notionspsychopathologiques qui furent nos fondamentaux sont remises en cause par la profonde mue des sociétés, de leurs relations sociales, du bouleversement des liens et rapports de force entre hommes et femmes. Les identités se cherchent, se troublent jusqu’à se perdre en croyant se trouver, qu’il s’agisse d’identité de genre, de spiritualité dans une quête d’appartenance où le risque est de s’égarer. Pr.Thierry Delcourt

Culture face au délire – Pr. Nadia Attouche

Malgré les progrès en matière de soins en santé mentale au Maroc, certaines perceptionsculturelles entravent ce parcoursLe délire tel qu’il est décrit chez les professionnels de santé mentale est toujours lié dans l’esprit de certaines personnes à la sorcellerie, le mauvais sort et la folie.Mêmes si certaines pratiques sont de plus en plus limitées, on entend toujours les histoires despatients qui ont fait le tour des Fquih et charlatans à la recherche de la guérisonLes patients avec délire souffrent de la stigmatisation, malgré les efforts déployés cesdernières années pour aider ces patients à réintégrer la société, en créant des centres deréhabilitation et en établissant des stratégies sanitaires donnant la priorité à la santé mentaleEn effet, la culture marocaine avec toute sa diversité et sa richesse peut être un facteur positifde promotion de la santé mentale, l’intégrer dans le processus de soins s’avère nécessaireL’esprit collectif, la solidarité, les liens familiaux solides dans notre société peuvent renforcerce rôle positif, et aider les patients et leurs familles dans le processus de rétablissement Pr Nadia AttouchePr en psychiatrie

Délires et cultures – Dr. Rachid Farhat

Le niveau culturel est devenu une dimension incontournable dans l’approche à la fois de la santé que de la maladie mentale. En effet, des paramètres comme le langage, la spiritualité et la religion, la structure de la famille, coutumes et rituels, système de valeurs, explication de la maladie mentale, la stigmatisation comme barrière à l’accès aux soins mentaux, forces issues de la culture et du support social et enfin la race et l’ethnie sont tous des volets à prendre enconsidération lors de l’approche de nos malades. On souffre et on guérie dans sa culture. Des compétences culturelles sont de plus en plus exigées pour un diagnostic raffiné et une prise en charge sur mesure. Une formation pour la compétence culturelle est hautement souhaitable. Dr. Rachid FarhatPsychiatre

Mot du Pr Agoub Mohammed 6 éme édition

Le sixième CinéPsy Maroc aborde deux sujets d’une importance capitale dans le domaine de la santé mentale et de la psychiatrieLe délire, conviction inébranlable, par sa nature complexe et changeante, est imprégné par la charge culturelle du patient. Loin d’être simplement une perturbation de l’esprit, le délire est influencé et façonné par les nombreuses facettes de la culture humaine et de la société.le délire, avec sa capacité à perturber les frontières de la réalité et à explorer les recoins les plus profonds de l’esprit humain, est un élément riche et diversifié de la culture.Les différents thèmes du délire (persécution, mystique, jalousie…) puisent leurs origines dans le vécu quotidien et dans l’histoire personnelle et familiale du patient ainsi que les différentes croyances culturelles, religieuses…Le cinéma, quant à lui, a exploré le délire à travers plusieurs films qui défient les conventions narratives et visuelles.le trouble de personnalité borderline (limite) est caractérisé par un sentiment chronique de vide et d’ennui. sensibilité à la perception d’une séparation ou d’un rejet. Il entraine une forte souffrance chez les patients.Les familles de patients atteints de troubles de la personnalité limite peuvent être confrontées à des défis importants. Elles accompagnent les patients a travers les différentes phases d la maladie et subissent un grand fardeau. Cependant, elles peuvent aider en recherchant un soutien professionnel, en encourageant le patient à suivre un traitement, en apprenant des stratégies de communication efficaces et en établissant des limites saines pour favoriser un environnement sûr et équilibré. Chercher l’;aide d’;un thérapeute spécialisé peut également être très bénéfique pour la famille et le patient.A travers cette session du Cinepsy, nous aurons l’occasion de partager les expériences vécues par les patients, leurs familles et aussi les soignants. Pr Mohammed Agoub  Chef de service au centre psychiatrique universitaire Ibn Rochd de Casablanca

Délires et cultures – Pr. Driss Moussaoui

Comme l’air ambiant, la culture existe partout, pour tout le monde et à tout moment ; cependant, elle est peu perceptible, tellement elle imprègne la vie de tout un chacun. La culture impacte lescomportements, les goûts, les modes, les idées et les émotions. Ceci est vrai pour les personnes en bonne santé mentale, mais également pour les personnes ayant un trouble mental.Le délire, cette croyance fausse et pourtant si réelle pour le malade, n’est pas spécifique d’un trouble mental. Les thèmes et les mécanismes sont multiples et se différencient d’autres symptômes pathologiques, telles les obsessions ou les compulsions, par le fait que le patient ne peut avoir aucune distance, aucune critique de son ressenti ou de ses idées délirantes.Au Maroc, un certain nombre de délires peuvent se retrouver chez une personne ayant une psychose, telle la conviction d’être l’imam Al Mahdi avec ses conséquences comportementales. Cependant, une croyance contraire à ce que dit la science mais qui était enracinée profondément dans la culture traditionnelle marocaine, telle la notion du Raged (fœtus endormi), n’est pas un délire.Par ailleurs, toute culture se transforme au contact des autres cultures, et actuellement dans le monde, de plus en plus rapidement. Il n’est donc pas étonnant de voir des thèmes délirants changer progressivement de la sorcellerie et autres idées traditionnelles vers un délire intégrant les smartphones, Internet, ou les satellites. Ce qui est intéressant, c’est que les médicaments anti-psychoses (dits neuroleptiques) ont tous une action anti-délirante, permettant au patient d’échapper à son monde qui est en rupture avec la réalité, et de réintégrer celle-ci, permettant de retrouver un comportement que l’entourage comprend et accepte.Est-ce que le délire peut aider à la créativité ? Oui jusqu’à un certain point, mais dans l’ensemble, les troubles mentaux graves, tels la schizophrénie ou le trouble bipolaire, constituent unhandicap pour la création, y compris les états psychotiques induits par les drogues,hallucinogènes et autres. Pr. Driss MoussaouiSpécialiste en psychiatrie

Cultures et délires

« La plupart des oppositions canoniques, je les récuse. Folie/ Raison – il existe des folies raisonnantes et un noyau de vérité au coeur de tout délire », énonçait le psychanalyste, philosophe, et écrivain Jean-Bertrand Pontalis. Dans la littérature, quelles représentations les écrivains, ancrés dans leur culture respective, ont-ils justement donné du délire ? Quels personnages en font l’expérience, et dans quel contexte culturel ? Je propose que nous interrogionsce que la fiction évoque et met en lumière dans les liens unissant cultures et délire en illustrant ce questionnement par des exemples extraits d’œuvres d’auteurs provenant d’horizons variés : des Antilles, d’Haïti, d’Europe, d’Amérique Latine, et bien sûr d’Afrique, et notamment du Maghreb…Plus largement, comment l’écriture, à travers l’emploi de la langue, participe-t-elle à la mise en discours du délire et en traduit les formes ? Quelle vision les grands auteurs portent-ils sur ce sujet, et comment leur exploration de ces identités en chantier éclaire-t-elle les constructions culturelles de la société à laquelle ils appartiennent ? Des questions auxquelles ces textes littéraires nous inviteront à réfléchir en retour, en voyageant très librement à travers eux. Lamia Berrada-Bercaécrivaine

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