Au Maroc, la période de post-partum est marquée par des rituels profondément ancrés dans la culture et la tradition, visant à accompagner la mère dans sa récupération physique et émotionnelle, tout en célébrant l’arrivée du bébé. Ces rituels varient d’une région à l’autre.Par exemple, il existe des pratiques comme des massages (Jemiaa la’adam : resserrage des os ) et des soins spécifiques visant à rétablir l’équilibre du corps de la mère après l’accouchement. De plus, dans beaucoup de régions, la mère reste souvent entourée de ses proches, notamment de sa propre mère ou de sa belle-mère, qui l’aident à se remettre en forme.
La période de confinement est également importante dans certaines régions. La nouvelle mère est encouragée à se reposer, à éviter les efforts physiques, et à se concentrer sur l’allaitement. L’alimentation joue également un rôle central dans ce processus de récupération, avec des mets traditionnellement consommés pour favoriser la lactation et la guérison, comme le “harira” (une soupe nourrissante) et des boissons à base de plantes.
Cependant, ces rituels font face à des défis, notamment avec l’essor de la médicalisation des soins. De plus en plus de femmes accouchent dans des hôpitaux où les protocoles médicaux peuvent ne pas prendre en compte ces pratiques traditionnelles cette médicalisation de la grossesse et du post-partum amène parfois à une standardisation des soins, ce qui peut entrer en conflit avec les pratiques culturelles, comme les soins personnalisés et communautaires offerts par les proches de la mère.
L’un des effets néfastes de cette médicalisation est la réduction du soutien social et communautaire. L’accompagnement traditionnel, souvent dispensé par la famille et les proches, se trouve remplacé par une approche plus clinique et individualiste. Cela peut créer un sentiment d’isolement chez la nouvelle mère, qui, dans certaines situations, n’a plus accès aux conseils et à la solidarité des femmes de sa famille ou de sa communauté.
Il existe également des tensions entre certaines croyances traditionnelles et les recommandations médicales modernes. Par exemple, certaines mères préfèrent éviter l’exposition au vent ou au froid, une pratique souvent perçue comme une superstition par le corps médical, mais qui est très respectée dans certaines régions.
En résumé, si la médicalisation des soins a permis d’améliorer l’accès à des soins plus spécialisés et d’assurer une prise en charge efficace des complications, elle peut aussi perturber des rituels de post-partum profondément enracinés dans les traditions marocaines. Cela soulève des questions sur la manière de trouver un équilibre entre les soins modernes et le respect des pratiques culturelles et communautaires dans cette période délicate.