Comme l’air ambiant, la culture existe partout, pour tout le monde et à tout moment ; cependant, elle est peu perceptible, tellement elle imprègne la vie de tout un chacun. La culture impacte les
comportements, les goûts, les modes, les idées et les émotions. Ceci est vrai pour les personnes en bonne santé mentale, mais également pour les personnes ayant un trouble mental.
Le délire, cette croyance fausse et pourtant si réelle pour le malade, n’est pas spécifique d’un trouble mental. Les thèmes et les mécanismes sont multiples et se différencient d’autres symptômes pathologiques, telles les obsessions ou les compulsions, par le fait que le patient ne peut avoir aucune distance, aucune critique de son ressenti ou de ses idées délirantes.
Au Maroc, un certain nombre de délires peuvent se retrouver chez une personne ayant une psychose, telle la conviction d’être l’imam Al Mahdi avec ses conséquences comportementales. Cependant, une croyance contraire à ce que dit la science mais qui était enracinée profondément dans la culture traditionnelle marocaine, telle la notion du Raged (fœtus endormi), n’est pas un délire.
Par ailleurs, toute culture se transforme au contact des autres cultures, et actuellement dans le monde, de plus en plus rapidement. Il n’est donc pas étonnant de voir des thèmes délirants changer progressivement de la sorcellerie et autres idées traditionnelles vers un délire intégrant les smartphones, Internet, ou les satellites. Ce qui est intéressant, c’est que les médicaments anti-psychoses (dits neuroleptiques) ont tous une action anti-délirante, permettant au patient d’échapper à son monde qui est en rupture avec la réalité, et de réintégrer celle-ci, permettant de retrouver un comportement que l’entourage comprend et accepte.
Est-ce que le délire peut aider à la créativité ? Oui jusqu’à un certain point, mais dans l’ensemble, les troubles mentaux graves, tels la schizophrénie ou le trouble bipolaire, constituent unhandicap pour la création, y compris les états psychotiques induits par les drogues,hallucinogènes et autres.
Pr. Driss Moussaoui
Spécialiste en psychiatrie
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